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L'Hypergamie féminine et l'Hypogamie masculine ...

L'Hypergamie féminine et l'Hypogamie masculine ...

     M.S distingue deux identités sociales qui, dans leur contradiction, sont à l'origine de la déviance : Identité sociale virtuelle (caractère personnel attribué à l'individu, sa personnalité, ses habitudes, ses traits cognitifs, etc.) ; Identité sociale réelle (catégories sociales et attributs dont on pourrait prouver que l'individu les possède en effet, telles que la minceur et l'obésité féminine et la solvabilité et l'insolvabilité masculine). 
     La déviance est en fait un désaccord entre ces deux identités, jetant sur l'individu un discrédit. L'individu porteur d'une déviance est ainsi discréditable si sa différence est ignorée, ou discrédité si sa différence est visible ou connue.
     Chaque individu est plus ou moins stigmatisé en fonction des circonstances, mais certains le sont plus que d'autres (les femmes rondes et les smicards), en raison de la Sélection Inter-Sexuelle, il n'y a donc aucune lutte possible contre les discriminations naturelles : tous peuvent être placés sur un continuum. La perception intime d'identité personnelle s'appelle l'individualité ou l'ipséité.

 

Les Déviances hétérosexuelles :

     M.S distingue les dévalorisations corporelles (les rondeurs et la vieillesse féminine ainsi que le nanisme et l'édentement masculin), morales (tares du caractère, femme prude, homme soumis) ou sociales (faible statut social, insolvabilité, impécuniosité ... souvent héréditaire). Les exemples de déviances sont d'une grande diversité : parmi elles, le passé pédocriminel des hommes, les handicaps physiques ou mentaux, l'orientation homosexuelle, l'appartenance à une race non-blanche, etc. Les femmes rondes et les "hommes" insolvables vont donc tout mettre en œuvre pour cacher leurs déviances ou en tout cas éviter qu'elles provoquent un malaise chez leur public, afin que les impécunieux puissent continuer d'espérer obtenir le consentement hétérosexuel des femmes minces, et pour que les femmes replètes puissent continuer d'espérer obtenir l'engagement conjugal d'un propriétaire ou futur propriétaire immobilier (homme = transformateur de la matière).

 

Les Contact Mixtes :

     M.S nomme « contacts mixtes » les interactions hétérosociales à risques entre les femmes minces et les insolvables. Ainsi, les femmes minces développent quotidiennement des stratégies d'évitement pour répondre aux sollicitations hétérosexuelles des insolvables, car le narcissisme des insolvables fait qu'ils ne parviennent pas à percevoir leur insuffisance financière dans les termes de l'échange hétérosexuel. En effet, les insolvables ne se rendent jamais compte du fait que les femmes minces ne leur envoient aucun signe d'intérêt hétérosexuel, et en dépit de ces désintérêts féminins, les insolvables persistent à négocier (à essayer de briser les résistances hétérosexuelles) des femmes désirables, bien malgré elles.

 

Les prouesses "fascinantes" :

     Les exploits physiques, techniques ou artistiques (demandant 8h d'entrainement chaque jour) qu'accomplissent les fils de solvables et les insolvables (à défaut d'être solvables) pour fasciner les femmes minces, n'ont en réalité aucun effet attractif sur ce type de public, quand bien même les insolvables pensent que ça valorise leur individualité, alors même que des enfants surentrainés accomplissent les mêmes prouesses.

     En dehors des sensations agréables de dépassement, pour soi et pour autrui (empathie masculine) que ces exploits procurent, la beauté physique des hommes ou leurs prouesses personnelles ne permettent en fait qu'à impressionner les autres hommes et les fillettes dans la compétition masculine (par rivalité sexo-compétitive ou homosexualité refoulée). Les femmes minces, quant à elles, sont beaucoup trop matérialistes (futures mères = créatrices de matières) pour accorder la moindre importance aux singularités et aux talents des indigents (fin de non-recevoir), excepté si ce talent ou cette activité est solvabilisante. Les prouesses féminines n'ont également aucun intérêt pour les hommes, car le plus petit dénominateur commun entre toutes les femmes désirables et sexy, c'est la Minceur féminine : Rapport Taille/Hanches inférieur à 0,7 (absence de graisse viscérale ou de fœtus) et Thigh Gap réel (absence d'organes génitaux masculins).

 

Le vrai sens de la séduction :

     Aussi, il est littéralement inconcevable de confondre le terme "négociation" avec le terme "séduction", car leurs sens sont strictement opposés. La scène de séduction désigne en fait un viol ou une tentative de viol sur des enfants. Freud nommait ce traumatisme la "Neurotica" (ou Théorie de la séduction) qui provoque à l'âge adulte l'hystérie chez les femmes (ou trouble de la personnalité histrionique = besoin excessif de plaire, car le viol détruit la valeur personnelle d'un individu).

      Alors que la négociation implique la consensualité entre les deux parties. C'est pourquoi dans les situations de guerre civile, les femmes se font violer en masse (séduction à échelle industrielle), car les pouvoirs publics ne parviennent plus à réglementer et imposer les conditions des négociations hétérosexuelles mercantiles (hypergamiques ou prostitutionnelles) aux insolvables, dans le cadre de leurs interactions hétérosociales (par la coercition étatique). L'hypergamie féminine par la solvabilité masculine est donc une nécessité hétérosociale absolue pour maintenir et augmenter la Croissance économique des sociétés modernes et réduire la propagation d'insolvables, (alors que le Monde vit la décroissance pétrolière, donc économique, depuis 2008).

 

Le Masque de la négociation hétérosexuelle :


     Dans la vie quotidienne, un insolvable (ouvrier, employé, locataire ou petit emprunteur...) en (pré)négociation hétérosexuelle avec une femme mince est donc vu par M.S comme un personnage (persona = masque de théâtre par où passe le son) en représentation, dans la mesure où il doit maintenir une définition convenable de sa situation économique, c’est-à-dire qu’il doit maîtriser l’impression qu’il donne de sa posture et de son activité au cours de sa représentation par différents procédés de mise en scène. Il doit influencer et leurrer les choix de la femme ciblée et il joue toujours un rôle, lequel peut être différent selon la nature des interactions (hétérosexuelles, professionnelles, familiales, homosociales, etc.). Dans l'espoir de coïter à moindre coût dans une femme mince, l'insolvable dispose de différents modes opératoires, résumés dans cet article.


La Conviction de l’insolvable :

     L’insolvable qui joue un rôle exige de la femme mince qu’elle le prenne au sérieux. Il donne un spectacle à l’attention de celle-ci, afin de montrer que les choses sont bien ce qu’elles ont l’air d’être, il faut qu'il maintienne les apparences asexuelles pour sécuriser sa "proie". Mais l’insolvable, y croit-il, lui ? M.S distingue la Sincérité de l’acteur (état de croyance), c’est-à-dire les insolvables qui croient en l’impression produite par leur représentation, qui sont pris à leur propre jeu, du Cynisme (état d’incrédulité). Il peut toujours passer de l’un à l’autre.


La Façade hétérosociale

     On a désigné jusqu’ici le terme de négociation hétérosexuelle pour désigner la totalité de l’activité quémandeuse d’un insolvable qui se déroule dans un laps de temps caractérisé par la présence continuelle de l’insolvable en face d’une femme mince (son public) influencée par cette activité servile. La façade est l’appareillage symbolique utilisé par l’insolvable durant sa négociation hétérosexuelle, qui a pour but de faire virtuellement augmenter sa valeur économique aux yeux de sa convoitise, par le biais de la dissimulation du stigmat : Technique visant à ne pas faire connaitre l'insolvabilité jugée déviante. Les femmes rondes, par nature, étant obligées d'exporter leur surpoids en public, elles revendiquent alors leurs monstruosités adipeuses par l'adoption du stigmat : Technique visant à faire connaitre ostentatoirement l'obésité jugée déviante, afin de paraître normales, voire dans des cas psychopathologiques, se croire hétérosexuellement désirables.


     L’insolvable dispose donc du décor : la toile de fond, les accessoires, les éléments scéniques, et de la façade personnelle (signes distinctifs de solvabilité, vêtements couteux, blouse blanche, âge, caractéristiques raciales, taille, attitude, façon de parler, mimiques, comportements gestuels, etc.) certaines de ces caractéristiques sont changeantes. On distingue avant tout son apparence, le personnage que souhaite présenter l'insolvable : sexe, âge, taille, forme, race et style vestimentaire, et ses manières, le rôle (le comportement que l’insolvable souhaite tenir durant l’interaction hétérosexuelle).

     Un insolvable peut avoir une place unique dans une petite communauté, mais, à mesure que celle-ci s’accroît, le système d’identification et de traitement se fait par clans. La façade devient alors représentation collective. D'après M.S, "Les insolvables deviennent membres d’un groupe caractérisé par l'insolvabilité. Ce groupe ne demeure pas uni par l’interaction de ses membres, mais par l’attitude collective des femmes minces, en tant que société, adopte à leur égard." Les insolvables sont donc obligés d'adopter une fausse posture solvable (port de chemise et de veste de costume, location d'une voiture de luxe, achat d'I-Pomme à crédit etc, etc.), alors qu'en réalité, ce ne sont que de vulgaires imposteurs. 

 


La Réalisation Dramatique :

     Elle consiste pour l’insolvable à exprimer pendant l’interaction hétérosexuelle ce qu’il souhaite communiquer à sa victime, de manière à pouvoir accomplir sa tâche manipulatoire à des fins copulatoires. Néanmoins, s’il en fait trop dans l’expression, il ne pourra pas en faire assez dans l’action.

     Si l’on observe la réalisation dramatique non plus du point de vue de la négociation mais de celui des acteurs participants à celle-ci, les co-négociants, on voit que certains insolvables ne s’intéressent qu’aux routines qui leur permettent de dramatiser leur réputation. À titre d’exemple : le style aristocratique, dit-on, consiste à mobiliser toutes les activités mineures que les autres classes d'insolvables délaissent et à y incorporer tous les signes du caractère, de la puissance et de la distinction sociale.

 


L’Idéalisation :

     C'est la tendance des insolvables à donner à leur cible féminine une impression idéalisée par tous les moyens. Pour avoir du succès, l’insolvable doit donner un spectacle qui illustre, aux yeux de sa spectatrice, les stéréotypes de son activité. M.S remarque que l’idéalisation est une caractéristique essentielle à l’ascension hétérosexuelle, qui implique forcément pour l’insolvable des négociations appropriées (galanterie, flatterie, mensonge, soumission), et un maintien de la façade (sécurisante/asexuelle). Mais, afin d’idéaliser une négociation, un insolvable peut même volontairement se placer dans une position inférieure à celle qu’il se reconnait secrètement. Ainsi, par exemple, les jeunes de banlieue (lieu des bannis) des cités HLM se croient souvent obligés d’adopter un air ignare, des manières gauches et brouillonnes à l’égard des femmes désirables, afin de se distinguer des ouvriers soumis (esclaves modernes), c'est-à-dire de l'image détestable de leurs pères financièrement défaillants, qui leur ont transmis leur insolvabilité et donc, leur misère hétérosexuelle chronique et incurable.


     L’idéalisation revêt par ailleurs un autre caractère : celui de donner à la femme mince une impression idéalisée de la relation que l’insolvable entretient avec elle. Premièrement, les insolvables donnent souvent l’impression que leur rôle actuel est leur seul rôle, ou du moins le plus important. Il a donc tendance à séparer ses publics, et à maintenir ces séparations. L’insolvable tente de persuader la femme mince que la négociation hétérosexuelle qu’il lui propose a une qualité spéciale. S’il refusait de mettre fin à cette séparation, et à l’illusion qu’elle entretient, les femmes minces s’y opposeraient dans bien des cas. En effet, la négociation hétérosexuelle de l’insolvable est un repère essentiel de son activité socio-économique. Ce repère est une économie de temps et d’énergie pour les femmes minces, qui, en traitant l’insolvable en fonction de son seul aspect professionnel, évitent le contact et le partage des épreuves, des soucis et des secrets personnels. En fait, si l’insolvable décidait de se comporter de la même façon avec tout le monde, les femmes minces verraient trop vite son insolvabilité chronique, son inutilité conjugale.


La Cohérence de l’Expression :

     Les maladresses, fausses notes, peuvent provoquer une rupture de ton qui affecte la négociation hétérosexuelle tout entière. S’il parle de son insolvabilité, baille, éructe, flatule, commet un lapsus révélateur, etc. l’insolvable parait incompétent. S’il est nerveux, s’il a l’air coupable, embarrassé, etc. il peut donner l’impression de s’intéresser trop ou trop peu à l’interaction hétérosexuelle. Enfin, si le décor n’est pas en ordre, la négociation hétérosexuelle de l’insolvable risque d’en pâtir. L’impression de réalité qui doit être donnée par une négociation est toujours fragile. La cohérence de l’impression est une des expressions de la stabilité de notre statut social, produit de la socialisation, qui à la différence de notre statut intime, n’est pas sujet aux fluctuations d’humeur ou d’énergie.

     Selon M.S : « Il nous faut assidûment cacher toutes nos défaillances économiques, en étant hypocrite, puisque le personnage que nous avons choisi à dessein est exactement l'image idéalisée par les femmes minces. ». L’insolvable s’accroche donc à la fausse image qu’il renvoie. La visibilité de certaines de ces facettes (telle que la façade), combinées à l’invisibilité de certaines autres (tel que son sous-métier), l’aide à tenir son rôle de potentiel bon parti durant la négociation hétérosexuelle.

 


La Négociation Frauduleuse :

     Être pris en flagrant délit de mensonge durant une interaction hétérosexuelle ruine la façade de l’insolvable. Cependant, il existe de nombreuses situations ou un mensonge n’est pas considéré comme abominable. Dans la vie quotidienne, l’insolvable peut créer une impression fausse sans forcément mentir, par insinuation, ambiguïté calculée ou par mensonge par omission, cela se pratique très bien au sein des sites de rencontres ou en discothèque par exemple. D’autre part, une négociation hétérosexuelle mensongère est fausse (plan-cul), et elle diffère en ce sens des négociations hétérosexuelles ordinaires. Cela dit, dans les deux cas, l’insolvable est contraint de maintenir une définition "honnête" de la situation, ce qui implique une maîtrise des caractéristiques asexuelles de la négociation déjà observées.

    Les femmes victimes de négociation frauduleuse de la part de certains hommes "admirables", par mauvaise rancune, mais surtout, par l'impossibilité légale (ou féministe) de leur imposer le mariage, les traitent de "pervers narcissiques". De plus, en raison de leur surpopulation sur les marchés hétérosexuels, les insolvables sincères éjaculent davantage dans du papier-cul plutôt que dans du plan-cul, sauf dans les cas d'interactions qui ne demandent quasiment aucune négociation ; avec des femmes rondes ou avec des gays passifs en période de disette hétérosexuelle (sexualité humanitaire).

 


La Mystification hétérosexuelle, ou Phénomène des Groupies :

     Avoir le contrôle de ce que les femmes minces perçoivent, c’est avoir le contrôle du contact avec elles. Pour s’affirmer, l’homme solvable, l'endettable, le bon parti a besoin de mettre entre lui et les jeunes femmes minces une distance. Il lui faut donc restreindre le contact, maintenir la distance entre lui et les femmes désirables afin d’engendrer et d’entretenir chez elles un désir conjugal très fort. Les femmes désirables sont alors dites en état de mystification. Les hommes sont dits en état d'adoration à la vue d'une femme mince.

     Les femmes minces contribuent largement à cette distance, en respectant et en craignant le sacré prêté à l’homme solvable incarnant la sécurité immobilière. Ceci étant dit, l'envie et le désir conjugal maintenant les distances hétérosociales se manifestent également entre deux co-négociants de même rang (homme pauvre et femme obèse). Cette distance, qui est en fait notre sphère idéale, notre honneur, notre personnalité, permet à l’insolvable de fabriquer l’impression de son choix.

 


Réalité et Simulation :

     M.S tient ici à écarter le dualisme communément admis dans la culture occidentale entre la négociation hétérosexuelle véritable, sincère, honnête avec les travailleuses du sexe, que l’on considère d’ordinaire spontanée et la négociation hétérosexuelle simulée, calculée, mensongère avec les femmes hétérosexuellement exclusives que l'on considère d'ordinaire cérémonieuse. Cette conception constitue pour lui une piètre analyse. En effet, si une négociation hétérosexuelle doit avoir lieu, les femmes dans leur majorité doivent croire à la sincérité des insolvables et il n’est pas nécessaire de croire sincèrement à son rôle pour le jouer de façon convaincante. N’importe qui est capable d’apprendre le texte d’un rôle ou de se payer une prostituée directe. Les rôles que nous tenons, nous apprenons chaque jour comment les jouer par l'hétérosocialisation, c'est-à-dire par la compétition hétérosexuelle : Sélection et Exclusion hétérosexuelle ou Loi du Marché Hétérosexuel.

     L’insolvable "honnête", comme l’insolvable moins honnête s’exprime d’une façon théâtrale, qui préexiste dans son répertoire. Être réellement un certain type de personne, c’est adopter les normes de la conduite et de l’apparence que le groupe social y associe. La facilité avec laquelle les hommes solvables mènent à bien, sans avoir besoin d’y réfléchir, et, malgré tout de façon conséquente, ces routines conformes aux normes féminines, signifie non pas qu’il n’y a pas eu de négociation hétérosexuelle, mais tout simplement que les participantes ne se sont pas rendu compte qu’il y en avait une, puisque lorsque l'homme est effectivement solvable, ce sont les femmes qui se démènent, qui font tous les efforts de persuasion conjugale et qui proposent de se faire coïter sans difficulté et sans tabou lors de ces négociations hétérosexuelles naturelles (ou hypergamiques).

     Être réellement un type de statut social, c’est quand même être un acteur. Pour illustrer son propos, M.S cite le fameux exemple du garçon de café de Jean-Paul Sartre : « Le garçon de café joue avec sa condition pour la réaliser. Cette obligation ne diffère pas de celle qui s’impose à tous les commerçants ; leur condition est toute de cérémonie, le public réclame d’eux qu’ils la réalisent comme une cérémonie. (…) Un épicier qui rêve est offensant pour l’acheteur, parce qu’il n’est plus tout à fait un épicier. (…) Voilà bien des précautions pour enfermer l’homme dans ce qu’il est. ».

 


Le lieu de la négociation hétérosexuelle :
La scène antérieure
:


     On peut définir une scène comme un lieu borné par des obstacles à la perception (vitres, cloisons, murs, etc.). Les insolvables associent à ces lieux déterminés certaines attentes relatives au comportement des femmes minces grâce à la présence d'alcools et de drogues. Ils se sentent guidés par la négociation hétérosexuelle qui prend place dans un climat hétérosocial toujours tendu. On désigne « scène antérieure » le lieu où se déroule la négociation hétérosexuelle. Dans la scène antérieure (dans un lieu public ou par visio-conférence), l’insolvable est soumis envers la femme mince à l’obligation de respecter deux normes : la politesse, lorsqu’il traite directement avec elle (paroles, gestes dans la conversation). La deuxième norme est la bienséance, soit la façon dont l’insolvable se comporte lorsqu’il est dans le champ visuel des femmes minces. La manière est importante pour la politesse, et l’apparence sociale l’est pour la bienséance.

     La bienséance répond à deux catégories de normes : les normes morales (respect de l'absence de libido féminine, de son intégrité physique, etc.) et les normes instrumentales (respect du protocole tarifaire, maintien du rythme des paiements, semblant de travail — il faut faire semblant de travailler, et, dans certains cas aussi, faire semblant d'avoir un travail solvabilisant — etc.). Ces deux normes féminines (ou asexuelles), l’insolvable les observe de la même façon, sans pour autant obtenir le consentement hétérosexuel des femmes minces. D'ailleurs, la présence d'un insolvable dans le champ de vision des femmes minces, engendre toujours chez elles un sentiment anxiogène, voire oppressif. Le sexisme de classe y est créée par les jeunes femmes minces et entretenu par le ressentiment hétérosexuel des insolvables, c'est ce que M.S nomme le Cycle naturel du sexisme compétitif.

 


La scène postérieure :


     On désigne « scène postérieure » la zone de coulisse en dehors d’une négociation hétérosexuelle donnée, où l’insolvable peut contredire sciemment l’impression produite par la négociation. L’insolvable peut s’y détendre, se masturber, déféquer, se gratter les couilles, abandonner sa façade, cesser de réciter un rôle et dépouiller son personnage. C’est là où il prépare, rectifie la négociation hétérosexuelle, qu'il corrige ou élimine les propositions défaillantes de son texte. L’insolvable est sûr d’y être séparé des femmes minces. Le langage, la tenue, l’habillement, la conduite, tout y est différent, régressif et naturel. 

     Le comportement de coulisse discrédite forcément le comportement de la négociation hétérosexuelle, on le voit par exemple, quand un invité d’une émission de radio oublie qu’il est en fait à l’antenne. Des situations similaires peuvent se produire au quotidien, lorsque le mur séparant deux voisins n’est pas assez épais ou lorsque deux personnes se rencontrent aux toilettes. On voit l’insolvable prendre un masque lorsqu’il quitte la coulisse et entre dans le lieu où il peut être aperçu par des femmes minces (hors de son logement ou de sa cellule). Ce phénomène est aussi visible dans le sens inverse. La division scène antérieure/postérieure, les frontières entre les deux, existent partout dans la société, dans chaque foyer (salon, salle de bain, chambre à coucher). Il y a des pièces où l’on prépare le corps, la nourriture, et d’autres où on les présente à autrui. Il existe, en plus de l’exigence de semblant de travail dans la scène antérieure, une exigence de semblant d’apparence dans le décor, qui tranche parfois brutalement avec celui de la scène postérieure (de la vie privée).

     M.S constate de plus que, "Même lorsque la négociation hétérosexuelle habituelle n’est pas en train de s’y dérouler, l’endroit tend à conserver dans une certaine mesure son caractère de scène antérieure : quartiers chics, pièces propres, équipements dernier cri, etc.".
     Cependant, gardons bien en tête qu’il n’existe pas, dans la réalité concrète des conduites qui seraient toutes de spontanéité ou au contraire d’autres qui seraient toute entière de cérémonie. Les femmes minces qui composent un duo lors d’une négociation hétérosexuelle sont d'après la Loi de l'offre et de la demande, supputées "offreuses" avec les insolvables et véritablement demandeuses avec les hommes solvables, ce qui provoque chez elles des troubles de la dissonance cognitive et des sentiments d’incrédulité. L’activité hétérosociale est toujours concrètement un compromis entre ces deux situations, ce qui donne trois sortes de restrictions à la familiarité des coulisses :


– L’insolvable souhaite apparaître comme quelqu’un de loyal, domestiqué, discipliné à qui l’on peut confier des secrets (ce sera un friend-zoné de plus, un serviteur gratuit, c'est-à-dire pire qu'un esclave).
– Les insolvables doivent parfois se remonter le moral et se donner l’impression que tout va bien se passer (ce sera juste une éconduite de plus).
– Les différences sociales, d’âge, de sexe, etc. limitent la familiarité et imposent un maintien des apparences asexuelles (sans aucune allusion sexuelle).


     Les individus sont lucides sur eux-mêmes (ce qu’ils font dans la coulisse) mais se méprennent sur les autres. M.S explique que ce facteur est un frein à la mobilité hétérosociale. Les hommes de condition élevée ne sont pas en réalité moins familiers ou vulgaires que les ouvriers, mais ils ont moins souvent l’occasion de l’être puisqu'ils sont toujours en compagnie de femmes minces et consentantes, contrairement à l'immense majorité des "hommes" qui ne vivent qu'entre eux, dans un milieu homosocial (et homophobe).

     Enfin, notons qu’un insolvable peut se sentir obligé d'adopter des manières familières dans la coulisse et donc à traiter le comportement de détente comme une représentation où il joue un personnage (le Bad Boy). La vraie détente est donc remise à plus tard. On peut ajouter une troisième scène, résiduelle, constituée par tous les lieux autres que les deux scènes déjà recensées et que l’on peut désigner comme “scène extérieure” ou "loge", où se trouvent des personnes extérieures à la négociation hétérosexuelle (les autres insolvables et les membres de leurs familles dont les rapports sont homosociaux). On sait que les insolvables prétendent que le rôle qu’ils jouent au moment où ils le jouent est le plus important. On en déduit qu’ils ne jouent qu’un seul rôle. Lorsqu’une femme mince assiste à une représentation personnelle (sur la scène extérieure, entre amis ou avec une grosse) qui ne lui est pas destiné, elle perd ses illusions sur l’insolvable et sur sa proposition hétérosexuelle. L’insolvable s’en trouve embarrassé. M.S cite Kenneth Burke: « Si l’homme qui se comporte en tyran au bureau et en femmelette à la maison devait soudain devenir l’employeur de sa femme ou de ses enfants, il trouverait son procédé de dissociation inadéquat et pourrait se sentir désorienté et tourmenté ». Il ne sait plus comment agir, ni comment jouer.

     L’insolvable doit séparer ses différents publics (ses réseaux sociaux), de sorte que les femmes minces qui le voient dans l’un de ses rôles ne le voient pas dans un autre. Il lui faut pour cela contrôler la scène antérieure. L’insolvable doit aussi bien écarter les membres du public qui pensent qu’il négocie mal, que celles qui sont trop habituées à l’avoir vu négocier différemment. Lorsqu’il échoue à séparer ses publics, et qu’une personne de l’extérieur joue les trouble-fête, deux chances peuvent s’offrir à l’insolvable. Soit la femme ciblée devient sa complice, soit il fait croire à l’intrus qu’il a déjà vu qu’il était là depuis longtemps. Mais, fatalement, la présence d’un intrus bouscule la négociation hétérosexuelle en cours et produit une gêne. C’est pourquoi, quand c’est possible, on fait comme si l’intrus n’était pas là, ou on lui demande de rester en-dehors.

 


Les différents types de secrets :


     Il y a toujours des faits qui menacent la cohérence d’une négociation hétérosexuelle donnée et l’impression qu’elle donne. Ils forment une information destructive, que l’insolvable doit cacher aux femmes minces et conserver secrète. Chaque type de secret est défini par la fonction que le secret remplit et par sa relation avec l’idée que les autres se font de son détenteur. Il y a :


- Les secrets inavouables, incompatibles avec l’image que l'insolvable s’efforce de maintenir devant une femme mince, et qu’il n’a pas tout à fait reconnu lui-même (sa misère hétérosexuelle).
- Les secrets stratégiques, que l’on cache aux femmes minces afin de les empêcher de s’adapter de façon efficace à la situation que l’insolvable se propose d’instaurer. Ces secrets ne sont pas forcément inavouables mais ils provoquent tout de même une rupture de la négociation hétérosexuelle, car la femme mince fait la constatation brutale qu’il est inutile et absurde de maintenir les précautions, la réserve et l’ambiguïté calculée de la situation. Ils tendent toutefois à être divulgués une fois que la négociation hétérosexuelle a échouée, tel que le réel statut social de l'insolvable ou l'épouse de l'homme solvable.
- Les secrets d'hommes solvables, dont la possession marque l’appartenance d’un individu à un groupe et contribue à ce que le groupe se sente distinct et supérieur de ceux qui ne sont pas dans le secret. Ils ont donc une fonction d’exclusion.


     Il existe deux autres types de secrets, lorsqu’une femme connait les secrets d'un homme solvable :
- Les secrets-confidences : Les secrets que le détenteur ne doit pas divulguer s’il ne souhaite pas nuire à sa réputation (ex : les avocats et les secrets de leurs clients, paraphilie, BDSM etc.).
- Les secrets dont on dispose librement : Les secrets de quelqu’un d’autre que l’on peut dévoiler sans se discréditer, afin d'obtenir la confiance d'une femme mince ou d'un homme solvable.

 

 

Les rôles contradictoires :


     On a vu qu’il existait trois types de rôles (insolvables, femmes minces, personnes extérieures) auxquels correspondent trois types de lieux (scènes antérieure, postérieure, extérieure) et trois types d’informations (information destructive, définition de la situation, et en ce qui concerne les personnes extérieures, aucune). On pourrait s’attendre à une congruence entre le rôle, le lieu et l’information dont on dispose. En pratique ce n’est pourtant jamais tout à fait le cas.

     Ainsi, il existe des rôles contradictoires (un homme solvable qui drague dans un quartier sordide ou un insolvable qui courtise dans un palace). Il y a d’abord le délateur, qui a accès aux coulisses mais qui trahit la négociation au bénéfice des femmes minces (rivaux, ex copines). Ensuite, il y a le comparse (Coopétition masculine), qui agit comme s’il était dans le public, mais dans l’intérêt de l'insolvable, en soutenant le bon déroulement de la négociation hétérosexuelle. Ensuite il y a les agents, qui utilisent leur duplicité cachée au bénéfice des femmes minces (contrôleurs, policiers en civil, clients professionnels), puis l’intermédiaire, qui connait les projets conjugaux des deux co-négociants et assure la médiation entre eux et, pour finir, la non-personne. Elle est présente dans l’interaction mais ne joue aucun rôle, elle est traitée comme si elle n’était pas là (domestiques, chauffeurs de taxis, personnes très jeunes ou très vieilles).


     Il y a ensuite les rôles contradictoires tenus par des personnes qui sont absentes de la négociation hétérosexuelle mais qui possèdent à son sujet une information inattendue. Au premier rang, l'homme solvable (médecin, juriste, banquier, architecte, dentiste, bailleur, comptable, etc.). Il est au courant des faits honteux, de l'insolvabilité des insolvables. L’insolvable ne peut se sentir à l’aise avec ces personnes qui le connaissaient à l’époque où il les a consulté ou qu'il travaillait pour elles, qui ont vu derrière sa façade d'insolvable (de sous-homme). C’est particulièrement le cas avec leurs employeurs. Autre rôle similaire, le confident, à qui l’insolvable confit ses fautes, expliquant pourquoi l’impression positive donnée pendant la négociation hétérosexuelle n’était rien de plus qu’une impression. Il y a aussi le rôle de collègue, soit les personnes qui présentent le même rôle au même type de public mais qui n’agissent pas ensemble, comme le font les amis et les collègues de travail.

 

 

La frustration hétérosexuelle des insolvables :

     Puisqu’ils ne peuvent proposer que le même type de négociation hétérosexuelle, les insolvables finissent par connaitre les mêmes problèmes d'exclusion par les femmes minces. Si les insolvables ont des points de vue et un statut social similaire, ils n’ont pas besoin de maintenir entre eux la façade qu’ils maintiennent devant les femmes minces : ils se confient alors entre eux des critiques concernant leur profession, leurs autres collègues, leurs supérieurs, les clientes, les femmes minces qu'ils convoitent, etc. Cette confiance repose sur une certaine loyauté. On sait que l’on ne dira rien aux non-initiés. Pour cela, on teste la camaraderie, par la plaisanterie, à laquelle il ne faut jamais répondre avec zèle si l’on souhaite s’intégrer dans une équipe. Dans le monde du travail, certaines conventions ne sont communiqués que par allusion ou par attitude.

    M.S cite à ce propos le sociologue Everett Hughes : “Pour que des hommes puissent se faire librement des confidences, il faut qu’ils puissent considérer comme allant de soi une bonne partie de leurs sentiments mutuels”. Cette forme de solidarité entre collègues insolvables explique en partie l’endogamie. Selon M.S, les insolvables s’encouplent avec les femmes rondes de même statut d'insolvable ou supérieur à eux, car ils savent que derrière la façade qu'ils maintiennent en public, ils partagent une autre façade commune : la misère hétérosexuelle.
     Ainsi, entre collègues, on a tendance a exagérer la familiarité et a mettre en question la distance sociale. À titre d’exemple, certains employeurs peuvent constater que leurs employés de statut social supérieur attendent d’eux que le travail soit dirigé dans un style propre aux coulisses (au restaurant ou au bordel), par fraternisation économique.

 

 

Les biais de la négociation :


     On sait ce qui se passe lorsqu'un insolvable tente de négocier une femme mince : il maintient les impressions et les distances, avec tact. Mais cette distance peut brusquement diminuer si l'homme est solvable ou augmenter si c'est un insolvable. Selon M.S, dans la société occidentale, « Putain », « Bordel », ou les mimiques équivalentes constituent souvent chez un insolvable l’aveu qu’il s’est momentanément mis dans une position dans laquelle il est évident qu’il ne peut jouer aucun personnage. On observe dans ce chapitre quatre types de communications contradictoires à la représentation entretenue par l’insolvable lors de sa négociation hétérosexuelle. Ce sont les communications étrangères au rôle.

 

 

Le traitement de l’absente :


     Dans les coulisses, les membres d’une équipe d'insolvables ont tendance à dénigrer les femmes minces, ou plus généralement leur « absence ». Ce dénigrement en secret sert à maintenir la solidarité et le moral de l’équipe d'insolvables. Les sentiments réels des insolvables pour une femme mince (qu’ils soient positifs ou négatifs) n’ont pas grand-chose à voir avec la façon dont ils la traitent en sa présence ou en son absence.

    Aux dépens de l’absente, ils se témoignent un respect mutuel, ils compensent la dignité qu'ils perdent dans leur rapport aux femmes minces. Ainsi, ils dénigrent les femmes de toutes corpulences en les appelant de façon peu flatteuse. Par exemple, les incels appellent les femmes minces des « salopes », et les prolétaires traitent les femmes désirables de « michtoneuses », ou ils les parodient en les imitant ou en les caricaturant, afin de se rassurer entre eux dans leur médiocrité sociale, dans leur misère hétérosexuelle collective.

 

 

Le discours sur la mise en scène :


     Lorsque les femmes minces sont absentes, les insolvables en viennent à discuter des problèmes de mise en scène. Ils parlent des manières d’arranger le décor, des précédentes ruptures de négociation hétérosexuelle, des équipes de collègues, ou de la dernière négociation. En fait, le discours sur la mise en scène est plus ou moins du potinage.

 

La complicité de dérision :


     Il s’agit de tous les témoignages de connivence exprimés avec une prudence suffisante pour ne pas porter atteinte aux apparences illusoires que les insolvables maintiennent devant les femmes minces. Cette communication s’établit par des indications scéniques, ou par une complicité de dérision (lorsque des insolvables font des grimaces à leurs cibles féminines, quand ils griffonnent des petits dessins, ou qu'ils s’évadent en continuant à maintenir la négociation).

     La complicité de dérision se rencontre dans les situations où l’insolvable est contraint d’adopter une conduite en contradiction profonde avec ses sentiments personnels. Mais en se moquant des femmes minces, l’insolvable a le sentiment qu’il se moque aussi de l’interaction, ou qu’il la maîtrise. Cette complicité dérisionnelle, l’insolvable l’instaure accidentellement, sans contrôle préalable. Ainsi, on comprend l’importance du « second rôle », c’est-à-dire le rôle d’une personne que l'insolvable introduit à son gré dans sa négociation à seule fin de s’assurer l’agrément d’un complice. Il est pour l'insolvable, quelqu’un avec qui s’allier contre les mauvaises impressions de la femme mince négociée. Le complice sert en général à faire augmenter la valeur économique de l'insolvable, en le plaçant faussement dans une position plus prestigieuse dans son activité professionnelle, et à augmenter la valeur personnelle de l'insolvable en riant de ses blagues en public.

 

 

Les opérations de réalignement :


     Lorsque les insolvables sont mécontents de la réaction féminine, ils l’expriment souvent par une communication officieuse (plaisanteries, silences significatifs, insinuations, sous-entendus…) qui ne menace pas le déroulement de la négociation. Dans ces cas-là, l’insolvable a le droit de nier d’avoir souhaité sous-entendre quoi que ce soit de sexuel, et la femme mince peut faire comme si elle n’avait rien entendu. L’insolvable cherche ainsi à se mettre dans une position favorable, et du même coup à mettre ses rivaux dans une position défavorable.

     Par la communication officieuse, on cherche à éloigner les rivaux, ou à transformer l’interaction. L'insolvable peut aussi faire comprendre à la femme ciblée qu’ils sont entre eux et qu’elle peut baisser sa garde. Car lorsque les femmes minces ignorent les réelles opinions et le statut social, un processus de tâtonnement discursif s’engage par lequel l'insolvable dévoile petit à petit ses idées prédatrices, en leur donnant un tour ambigu. Lorsqu’il comprend que la femme mince n’a pas les mêmes opinions que lui, il peut s’arrêter, avec tact, se vexer ou la harceler. Par un double-sens, deux personnes peuvent se communiquer une information incompatible avec leur relation officielle (quiproquo).


     D’après M.S, l’étude des négociations hétérosexuelles dans la vie quotidienne montre que les insolvables attendent toujours des femmes minces, qui leur sont toujours supérieures, qu’elles sortent un peu de leur réserve, pour plus de spontanéité, mais aussi pour tenter d’y gagner un avantage hétérosexuelle, autre que économique.
     Autre opération de réalignement, les « trahisons provisoires » ou "coups de pute". Elles se déroulent le plus souvent entre insolvables, ce sont les dénigrements entre insolvables, les situations ou les insolvables d’un groupe en petit comité renoncent provisoirement à s’aligner sur leur équipier le plus proche qui aurait potentiellement une occasion d'interaction hétérosexuelle enviable.


     M.S explique que le besoin masculin d’avoir des relations hétérosexuelles et conjugales est motivé par deux grands besoins : Le besoin d’une femme mince pour soulager la libido masculine, qui l'oblige à mettre à l’épreuve ses différents personnages qu’il se flatte d’incarner et le besoin d'avoir des enfants avec lesquels établir des rapports familiaux complices pour partager le climat détendu des coulisses. Ces deux besoins peuvent être remplies par les femmes minces, par le biais de la solvabilité masculine et de l'engagement immobilier. C’est pour ces raisons que se développe le rôle de second (sœur, cousine, associé), toujours disponible pour assister à la négociation de son chef de file, ou pour l’aider à produire l’impression de solvabilité que la femme mince souhaite recevoir. La communication étrangère au rôle prouve que la négociation que donne un insolvable permet une prise de distance suffisante pour concevoir ou pour exécuter d’autres types de négociations et les proposer ou les imposer à d’autres femmes minces.

 


La maitrise des impressions :


     On a vu que les maladresses pouvaient également porter préjudice à la négociation hétérosexuelle d’un insolvable. Il doit donc se méfier des intrusions intempestives et des faux pas, déclarations verbales ou actes intentionnels dont il ne maitrise pas la portée. On peut parler de gaffe s’il met en danger l’image idéalisée par les femmes minces, et d’impair s’il s’agit de son image personnelle. Il existe également des situations où l’insolvable va délibérément provoquer la rupture, ce sont les « scènes ». Lorsqu’on fait une scène, on en crée une nouvelle, où les rôles des co-négociants sont à présent redistribués négativement. Il arrive généralement que ce soit la femme mince qui fasse une scène.

     Ces incidents mettent tout le monde mal à l’aise et l’insolvable révèle alors à la femme mince la vraie image d'insolvable qui se cache derrière le masque de la réussite sociale. De plus, la mythologie victimaire des femmes insiste sur ces ruptures. Les insolvables ont trois types de techniques pour sauver les apparences. Les mesures défensives (Les attributs et les techniques défensifs). Il y a d’abord la loyauté dramatique entre les insolvables. Elle réclame d’empêcher les insolvables de se lier d’amitié avec les femmes rondes, car par jalousie, elles pourraient trahir une négociation hétérosexuelle avec des femmes minces.


      Il y a ensuite la discipline dramaturgique : l’insolvable doit savoir taire ses désirs hétérosexuels spontanés (sa libido) afin de maintenir les apparences asexuelles et le statu quo imposé par l'absence de libido des femmes. Les taquineries féminines constituent à ce titre un procédé d’initiation visant à tester l’aptitude d’un insolvable a répondre de façon asexuelle, sans que sa réponse ne corresponde nécessairement à un réel sentiment d'asexualité. De même, les insolvables doivent agir avec circonspection, afin de ne pas se laisser surprendre par un sourire provocateur (ou moqueur) de la femme mince.

     Ainsi, une façon simple d’éviter qu’un insolvable ne dérape ou ne trahisse sa négociation hétérosexuelle, est de limiter le nombre de témoins gênants. Pour commettre une négociation hétérosexuelle plus efficace encore, l’insolvable doit parfois s’éloigner un peu des faits. Ainsi, il souhaite, à l’instar des hommes solvables ou de leurs fils, être jugé sur ses compétences et non sur son insolvabilité.
     Il doit toujours prendre en compte l’information laissée par les conditions de sa négociation hétérosexuelle. Cette information, l’insolvable tente de la masquer si elle lui est potentiellement préjudiciable : par exemple, à Londres, au XIXe siècle, les prostituées rondes menaient leurs affaires dans les coins les moins lumineux, afin qu’on ne puisse que faiblement entrevoir leur rondeur, et au XXIe siècle, les femmes rondes utilisent ad nauseam les applications de rencontres pour avoir l'impression d'avoir du succès hétérosexuel. L’insolvable prend beaucoup de précautions dans des situations où des conséquences graves pour son image peuvent résulter de sa conduite, comme s'exposer en public avec une femme ronde, ou lorsqu’il est questionné par une femme mince par exemple (Shit-test) : Il ne s’agit pas tant pour lui d’apparaître sous un jour favorable que d’éviter d’apparaître sous un jour défavorable.


     Les co-négociants prévoient aussi des moments de détente en fonction des occasions qu’ils ont de ne pas être surveillé. Lorsque deux co-négociants se rencontrent, les insolvables doivent absolument maintenir leur expression intacte et avoir confiance en leurs baratins. À titre de circonspection, à certaines occasions, on fait se dérouler les négociations hétérosexuelles selon un protocole, où toutes les expressions sont organisées (Speed-dating, Rave party, soirée entre collègues, etc.).

 

 

Les Techniques de Protection hétérosexuelles :


     Les insolvables bénéficient également de techniques de protections. Souvent, la femme mince et les personnes extérieures à une négociation hétérosexuelle font preuve de tact en prétendant ne pas être concerné par ce qui se passe (alors qu'ils savent se que tente l'insolvable). Ainsi, par convention, on peut prétendre ne pas avoir vu l’étourderie d’un insolvable, ou agir avec plus de clémence envers un insolvable débutant, pour ne pas le gêner et risquer de provoquer de l'animosité de sa part. Parfois, l’insolvable se rend compte que la femme mince fait preuve de tact envers lui. Mais la femme mince peut aussi bien se rendre compte que l’insolvable s’en est rendu compte et qu’il se sait par conséquent fragilisé. Et l’insolvable peut même se rendre compte que la femme mince a, en quelque sorte, lue ses cartes, qu'il joue à découvert. Ces situations intimes peuvent mener à la moquerie, à l'éviction et à la honte mais, quoi qu’il en soit, les co-négociants sont capables de rapidement reprendre leur physionomie habituelle, même si d'ordinaire, les femmes minces mettent toujours un terme à la tentative pitoyable de négociation hétérosexuelle des insolvables.


     L'insolvable fait donc aussi preuve de tact concernant le tact. Il doit être attentif aux allusions de la femme mince, qui lui signale qu’il est sur la mauvaise pente. Conformément aux usages de la négociation hétérosexuelle frauduleuse (le plan-cul), l’insolvable doit mentir sur son apparence sociale et ses projets coïtaux, ou sur les faits d’une manière à pouvoir conserver la face si elle se rend compte du travestissement : Il est recommandé à l’insolvable qui énonce un compliment ou une proposition conjugale de garder un soupçon d’ironie dans la voix afin de pouvoir dénier tout sérieux à ses affirmations et déclarer s’il venait à être confondu, qu’il ne faisait que "plaisanter". En effet, l'humour n'est rien d'autre que l'expression d'un sentiment de supériorité qui sert à faire virtuellement augmenter la valeur personnelle du plaisantin au détriment de lui-même (autodérision) ou du sujet de la plaisanterie (moquerie ou Schadenfreude).


     Mais, malgré toutes ces techniques de protection, les incidents arrivent inéluctablement, car les femmes minces entrevoient instinctivement ce qui se trame dans les coulisses des insolvables (ou insauvables). Plus encore, elles perçoivent alors l’insolvable qui assume ce personnage pour ce qu’il est profondément : un comédien solitaire tourmenté par sa misère hétérosexuelle et le souci de sa vaine négociation hétérosexuelle.

     M.S fournit une description de ce qui peut alors se passer. L’insolvable peut finir par avoir honte d’un comportement honnête s’il engage des impressions défavorables à tort. Il a honte, croit que sa honte est apparente, et pense bêtement que c’est pour cela que sa négociation hétérosexuelle est mal jugée, alors que seule son insolvabilité est la cause de son exclusion hétérosexuelle. En agissant sur la défensive il aggrave son cas, agissant auprès de la femme mince comme s’il était coupable d'être un locataire célibataire hétérosexuel (ce qui est un crime horrible pour les femmes minces). En effet, il est possible pour chaque insolvable de devenir par instants, à ses propres yeux, le pire individu qu’il puisse imaginer que les femmes minces s’imaginent qu’il est.

 


Conclusion :


     On peut selon M.S analyser une négociation hétérosexuelle selon quatre perspectives :

- la perspective technique, qui juge l’efficacité et l’inefficacité d’une négociation hétérosexuelle pour atteindre des objectifs coïtaux explicitement établis.

- La perspective politique, qui est une analyse en fonction des différents moyens d'inclusion et d'exclusion, des différents types de sanctions, de gratifications et d’exigences féminines.

     On peut considérer une négociation hétérosexuelle selon une perspective structurale ou encore selon un point de vue culturel, en fonction des valeurs morales qui influencent l’hypergamie des femmes minces à une époque et un lieu déterminé. M.S propose dans la négociation hétérosexuelle des insolvables, une approche dramaturgique (sans happy-end).

                                                Masque de théâtre tragique romain.

 

L'inutilité de la négociation hétérosexuelle des insolvables :


     Cette perspective dramaturgique peut être utilisée par les quatre approches que nous venons d'évoquer.

     D’un point de vue politique, toute solvabilité masculine a le pouvoir d'effectuer la démonstration de son autorité sur les jeunes femmes minces, par la communication non-verbale, pour les persuader.

     D’un point de vue structural, l’image d’un groupe d’un statut supérieur dépend des moyens de communication dont il dispose pour imposer une distance avec les autres groupes (voir chapitre sur la Mystification).

     D’un point de vue culturel, les normes morales, les valeurs culturelles définissent dans les moindres détails ce que les participants doivent penser sur un grand nombre de sujets et instaurent par-là même un système d’apparences asexuelles qu’ils doivent maintenir, qu’ils aient un sentiment réel des apparences frigides exposées.


     Mais pour M.S, la négociation hétérosexuelle est créée et maintenue par le déroulement régulier de l’interaction hétérosociale. Lors d’un échec, il se désorganise : Chaque nouvelle négociation hétérosexuelle donne lieu à une nouvelle mise à l’épreuve de la légitimité de ces ensembles et à une remise en question de leur réputation (leur crédibilité). L’insolvable impliqué dans cet ensemble se voit lui-même comme quelqu’un sur qui une femme mince peut compter, qui ne déçoit pas son égo, lequel compte sur la réussite de ses interactions hétérosociales pour parvenir à se reproduire dans une femme mince, ou au moins y coïter. Un échec de sa négociation hétérosexuelle peut détruire l’image qu’il a de soi. Il semble bien néanmoins qu’il n’existe pas d’interaction hétérosexuelle entre insolvables et femmes minces (Contacts Mixtes), sans risque de se trouver pour les insolvables, sinon humiliés, légèrement embarrassés.


     Pour finir, on remarque que le rôle des expressions sociales, faciales, orales, comportementales etc. sont de communiquer des impressions du moi. Toute impression (bonne ou mauvaise) est une source d’information. Dans une interaction hétérosexuelle, on cherche à identifier ces informations, mais puisque celles-ci ne sont jamais immédiatement perceptibles, les femmes minces doivent jauger l'allure et le baratin des soupirants, et l’insolvable doit se fier aux apparences (langage non-verbal, répliques, signes, symboles d’appartenance, allusions, etc.). Et plus la réalité sociobiologique qui échappe à la perception a d’importance pour l’insolvable, plus il doit accorder d’attention aux apparences mensongères des femmes minces, telles que l'indépendance financière des femmes modernes, leur gratuité hétérosexuelle, leur altruisme, humanisme, générosité etc. toutes les apparences sociales mensongères qui servent à manipuler et pacifier les interactions hétérosociales en faveur des jeunes femmes minces.

     Ces apparences sociales, sources d’impressions, découlent de normes relatives à la politesse et à la bienséance (absence de libido ou asexualité féminine naturelle), ce qui montre combien la vie hétérosexuelle des locataires est enserrée dans un réseau de conventions morales. Lorsque les insolvables se savent observés, ils se satisfont de l’impression misérable et oppressive qu’ils sont en train de donner aux femmes minces, ou ils cherchent à influencer cette impression répulsive par des techniques conformes aux règles de bienséance, aux normes féminines. Mais il est souvent nécessaire pour certains locataires de recourir à des moyens moins convenables pour influencer et renforcer les mauvaises impressions de leurs observatrices.

     Les insolvables qui estiment qu’ils ne peuvent réussir avec ces moyens de déférence (soumission, fausses promesses, hypocrisie, courtoisie, flagornerie, humour, galanterie, etc.) ou opérer avec les moyens d'achat hétérosexuelle (réussite sociale, accession à la propriété immobilière, pères solvables, etc.), décident de se liguer et de manipuler directement l’impression pathétique qu’ils donnent aux femmes minces (en désespoir de cause, perdu pour perdu). Ils se transforment alors en une équipe de harceleurs hétérosexuels, en clique (en chiens ou Pick Up Artist), ils jouent désormais sans le masque de l'asexualité, et les observatrices se muent en victimes hétérosexuelles (en féministes). Le déroulement de l’activité hétérosociale se dramatise, c'est ce que les sociologues nomment, la Stratégie du retournement du stigmate


     M.S observe la dialectique suivante : les insolvables vivent dans un univers moral hypergamique. Ils ne se préoccupent pas d’actualiser cette morale, mais de donner l’impression qu’ils la suivent, par la mise en scène d'un personnage asexuel et sécurisant. Le moi de l’insolvable ne vient pas de lui, mais du spectacle de sa négociation hétérosexuelle : Un spectacle correctement mis en scène et joué, conduit les femmes minces à attribuer un moi à un personnage représenté, mais cette attribution pseudo-sécurisante est le produit et non la cause du spectacle de la négociation hétérosexuelle.

     C’est un effet dramatique (sans conclusion hétérosexuelle) qui se dégage du spectacle qu'il propose. Tous les attributs de l’insolvable, son aptitude à apprendre un rôle, sa tendance à rêver qu’il propose une négociation hétérosexuelle triomphale ou, au contraire, qu’il est évincé et humilié par les femmes minces. Son besoin d’avoir un équipier pour "draguer", sa crainte de l’humiliation, psychobiologique par nature, semblent pourtant être l’écho intime des accidents de la mise en scène, en raison de son misérable statut social d'insolvable.


     Pour conclure, M.S concède que la métaphore théâtrale ne peut être poussée que jusqu’à un certain point. En nous imaginant le monde comme une pièce de théâtre, nous nous convainquons qu’il ne faut pas le prendre trop au sérieux. Mais, à la différence de la vie ordinaire, rien de réel et d’effectif ne peut arriver aux personnages de théâtre - quoique, bien évidemment, à un niveau féministe, quelque chose de réel et d’effectif puisse se produire, touchant la réputation, la vie hétérosexuelle et la reproduction sociale des insolvables en tant que sous-classe économique, dont le travail quotidien consiste iniquement à imposer des négociations hétérosexuelles théâtralisées et perdues d'avance auprès des femmes minces.

 

      Les aspirations des amants, écrit Arthur Schopenhauer, « tendent à perpétuer cette détresse et ces misères qui trouveraient bientôt leur terme, s’ils n’y faisaient pas échec comme leurs semblables l’ont fait déjà avant eux.»

     La lucidité, et le sentiment de pitié dont l’insolvable est susceptible à l’égard des autres êtres vivants, imposent de mettre un terme à ces souffrances, en renonçant à la procréation.

Tag(s) : #Sociologie conjugale.
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